Chaque année à la même époque, ma femme fait le même cauchemar : une partie de la maison doit être repeinte, retapée, rénovée, refaite, bref, tout ce que vous voudrez sauf rester en l’état actuel. Le cauchemar, bien sûr, c’est pour moi, le baudet de maçon, et dans une moindre mesure pour mon dernier fils qui, s’il ne participe pas à la rénovation, désapprouve le désordre ambiant qu’elle suscite. Les enfants modernes sont si sensibles ! Cette année, c’est le couloir du fond. Ça n’a l’air de rien un couloir, mais ceux qui s’y sont frottés le savent bien, il n’y a rien de plus traître qu’un couloir, surtout un couloir du fond où par définition on met rarement les pieds. Les pieds peut-être, mais quand il s’agit de le rénover, vous y êtes jusqu’au cou. Poncer, décaper, enduire, peindre en équilibre instable, dévisser des vis rouillées, tomber à court de matériel, le film d’horreur classique dont on se demande qui en ressortira vivant. C’est au cours de cette rénovation, pendant une période d’accalmie où l’esprit vagabonde, que s’est imposée à moi l’idée qu’il fallait décaper les candidats à l’élection présidentielle. Prenez Ségolène : à première vue, c’est du beau placard. Belles ferrures, couleurs à la mode, vernie comme il faut, il faut être chien pour ne pas s’en contenter. Eh bien, pas moi ! Je la décape, Ségolène, je lui retire son vernis et toutes les couches successives qui se font jour pour peu qu’on gratte un peu, je l’apprête en quelque sorte pour le grand nettoyage de printemps. D’abord le vernis. Peindre dessus, c’est risqué, surtout qu’il s’écaille par endroit. Parlez-lui d’impôt sur la fortune et l’armure se fissure. On ôte le vernis. La couche d’autoritarisme, j’hésite. Sur un bois de militaire ça n’est pas trop gênant, et c’est une couche ancienne qui peut servir par gros temps. On laisse. Le durcisseur ENA, en revanche, on décape. Trop rigide et inadapté dans nos régions où le bois joue beaucoup. C’est beau, je sais, ça fait de l’effet, mais ce n’est plus tendance. La tendance, c’est le bois brut. Le gros travail, sur un placard qui est destiné à revenir sur le devant de la scène, c’est la marqueterie socialiste, un matériau en trompe-l’œil qui séduit au premier abord, mais vieillit mal. Trop d'enluminures, trop de boursouflures ... On retire tout ça et à la place, je verrais bien du bois vert, une bonne volée si possible. Demain, si vous en êtes d’accord, on s’occupera de son vis-à-vis, le grand abatteur de bois. Là aussi, y a du travail !
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